Cela fait deux semaine que je suis sobre, que je n'y ai pas touché, que je m'en suis souvent approché, que j'ai tourné, que j'ai tergiversé, que j'ai demandé, que j'ai failli puis me suis repris, que j'ai manqué de trébucher mais où je me suis à chaque fois relevé. Deux semaines que je n'ai pas cliqué, que j'ai résisté à la tentation. Deux semaines, c'est pas beaucoup, mais deux semaines c'est aussi 336 heures, c'est encore 20160 minutes, c'est réellement 1209600 secondes. Deux semaines, c'est encore
14 jours de sérénité,
14 jours de dignité,
14 jours de tranquillité,
14 jours sans l'inquiétude de la disparition du colis,
14 jours sans la peur au vente du colis bloqué à Roissy,
14 jours sans danger de déconvenue,
14 jours où je mange autre chose que des pâtes et que je regarde autre chose que des films merdiques sur mon portable minuscule,
14 jours que je sors et que je vois mes amis,
14 jours que je hume le parfum du printemps,
14 jours où j'imagine m'éloigner plus de 10h d'une connection Internet,
14 jours que je regarde les jupes des femmes,
14 jours que je me prends des baffes par les mecs des femmes à jupes,
14 jours que j'ai l'esprit libre pour m'occuper des autres,
14 jours, c'est deux semaine où on réapprend à vivre... jusqu'au
prochain click 
«Nous les gueux/ nous les rien/ nous les peu/ nous les chiens/ nous les maigres/ nous les Nègres/ Qu’attendons-nous/ Qu’attendons-nous pour faire les fous/ pisser un coup/ tout à l’envi/ contre la vie/ stupide et bête/ qui nous est faite ? »
(Léon-Gontran Damas - cité par Christiane Taubira)