Sur le tard, pourtant
J'avais passé l'âge (et de loin) quand une jeune collègue m'avait mis entre les mains le premier DVD, en me disant avec un petit sourire que ça me plairait sûrement
Elle avait bien eu raison, même au-delà de ce qu'elle imaginait, puisque j'avais commencé à dévorer les bouquins avec émerveillement.
Il faut dire aussi qu'à l'époque où j'étais aux bozards, j'avais commencé à écrire un bouquin qui racontait les années d'études du personnage central de l'histoire, lequel servait de support à mes illustrations… il s'agissait du fils
(flanqué d'une sœur jumelle) d'un magicien, envoyé à l’adolescence à l'académie de Kältberg (non, c'est pas un nom de bière

).
Je n'avais guère dépassé les premières pages, qui racontaient les derniers jours précédant la cérémonie de destruction de leur pavillon d'élèves (les étudiants très peu nombreux, par classe d'âge, n'étaient pas logés durant leur séjour à l'académie, ils devaient donc bivouaquer les premières semaines sur les terres du domaine, et leur premier objectif était de construire le pavillon dans lequel ils passeraient la suite de leurs quatre années d'études. La "magie" était ainsi mise en pratique pour la fabrication des composants constitutifs dudit pavillon ainsi que pour son édification (lévitation et tutti quanti).
À la fin du cursus, l'événement marquant et traditionnel sensé mettre un terme à l'état d'apprenti des élèves était donc la destruction (magique, elle aussi) des pavillons par les élèves eux-mêmes, pour symboliser leur passage au noviciat, et leur entrée dans le monde des magiciens.
La cérémonie se tenait à la tombée de la nuit, le départ de l'académie suivait, lorsque la Lune était haute dans le ciel.
C'était le projet, je n'avais aucun plan précis, et je n'avais pas dépassé les premières pages, où par ailleurs il ne se passait pas grand chose, si ce n'est la description de la vie quotidienne des élèves dans leur pavillon.
Enfin bref, tout ça pour dire que lorsque les écrits de JK Rowling me sont tombés entre les mains, j'ai eu une vision de ce qu'était un vrai travail sur le sujet, avec un univers ultra-fouillé, documenté, une myriade impressionnante de personnages

et quelque chose qui m'avait particulièrement impressionné au fur à mesure que je progressais dans les différents tomes : une évolution d'un style de littérature pour enfants (les deux premiers) vers un genre plus adolescent (3, 4 et 5) pour aller vers des préoccupations plus adultes, versant parfois du côté de l'horreur dans les deux derniers, avec une prééminence de plus en plus marquée de la politique, de la guerre, et généralement des luttes au sein de la société.
Rowling prétend qu'elle a eu l'idée du déroulé complet (fin comprise) et de la structure générale de son histoire le temps d'une halte forcée en gare de Londres (son train avait du retard ou un truc dans le genre, c'est à dire une paire d'heures) pour son retour à Edimbourg…
Je crois qu'elle a dû écrire le premier tome en quelques… semaines ? Parce qu'elle attendait sa première (seconde ?) fille, et qu'elle savait qu'elle n'aurait plus le temps de consacrer le temps nécessaire à la rédaction de son bouquin après la naissance
Enfin bref, j'avais mesuré l'abîme qui séparait le travail qu'elle avait fourni de ma ridicule tentative (même si les enjeux n'étaient pas les mêmes car je ne cherchais pas à écrire un bouquin, juste à avoir un support narratif pour mes illustrations, et encore, cet "épisode" ne faisait même pas partie de mon projet de fin d'année, lequel se déroulait au retour de mon personnage dans son pays.)
Par ailleurs, quelques années après, j'avais discuté avec la future épouse d'un de mes copains, laquelle avait passé une partie de son enfance en Angleterre, était elle-même Professeur d'Anglais à l'Université du Mans, et avait également une activité de sociologue. Précisément, elle venait de faire publier aux PUF une étude comparative sur les systèmes éducatifs Français et Anglais (ayant très bien connus les deux, comme élève ET enseignante), et nous avions eu une longue discussion sur la représentation de l'école dans Harry Potter (elle était fan également), et elle m'avait expliqué que c'était bien un décalque de la réalité des petits Anglais en terme d'organisation, et que ce je trouvais exotique dans cette histoire ne l'était pas tant que ça côté britannique
Enfin, ouais tout ça pour dire que j'aime bien
Sapristi, je suis verbeux, aujourd'hui 