Alors, le bousin tel qu'il s'est fini.
Il me restait le ressort à sortir du barillet pour le nettoyer et le graisser convenablement. Relativement facile à démonter mais bien plus dur à remettre dans son logement, surtout tant qu'on n'a pas compris qu'il faut partir de l'extérieur et progresser vers l'intérieur, on ne s'en sort pas
Le tout démonté donne ça :
Les esprits perspicaces noteront que le ressort est mort car il devrait être en S comme ci-dessous
(photo Wikipedia)
Bon, c'est pas grave, ça fera tout de même l'affaire car l'objectif ici est de se familiariser avec le fonctionnement et l'agencement des pièces.
On remet l'élément central
et le tout dans le barillet en graissant bien.
pour donner ça avec le rebord du ressort qui se bloque dans la rondelle du barillet (pas de bride glissante donc)
Ceci fait, on attaque la platine en ajoutant la tige de remontoir sur le pignon de remontoir et le pignon coulant. Le tout, à ce stade, tient grâce au saint Esprit
On retourne la platine et on place la vis de remontoir qui empêchera la tige de sortir. C'est cette vis qui, quand elle est trop dévissée (quand on veut sortir uniquement la tige pour enlever le mouvement du boitier par exemple), fait que tout se barre et nécessite de retirer le cadran et tout le tralala
On peut alors remettre la tirette
ainsi que celle qui manipule le pignon coulant et le ressort qui à chaque fois veut prendre sa liberté
on ajoute les engrenages et la roue de mise à l'heure
et on recouvre le tout avec le système de réglage que l'on fait jouer quelques fois pour s'assurer que rien ne bloque et que l'on entraîne bien les rouages et la roue qui maintient les aiguilles
On retourne la platine, on voit le pignon de remontoir et le pignon coulant qui sont en place. On replace le rochet
ainsi que le pont. Voilà une première partie de finie.
Je passe maintenant à la régulation (si je ne m'abuse). Je pose l'ancre (et je me trompe de coté, ce qui me forcera à la redémonter plus tard)
ainsi que le pont d'ancre
puis la roue d'échappement (que je vais retirer ensuite pour la remettre plus tard) et les roues de seconde et de minute
ainsi que le pont qui vient couvrir le tout. Bien sûr, à chaque pièce en mouvement, on huile avec des huiles (très) fine pour les pièces rapides, fines pour les pièces plus lentes et de la graisse pour les pièces métalliques en frottement. Seul les axes de l'ancre ne sont pas huilés ; les rubis du balancier sont huilés sur la palette de sortie selon la méthode
traditionnelle Suisse 
On place ensuite la roue d'échappement
suivie de son pont. A ce stade, on peut s'assurer qu'une action sur la roue des minutes enclenche bien tout le mécanisme de régulation. C'est bien le cas, ça roule. J'en profite pour huiler l'échappement via l'ancre (Cf. ci-dessus)
Je passe maintenant au remontage du pont de balancier avec le contre-pivot du balancier que j'avais eu la génialissime idée de démonter. Ca m'a bien pris 30 minutes pour retrouver que les vis du contre-pivot entraient par dessous et un montage à l'envers du contre-pivot (le rubis qui est en contact avec l'axe est plan).
et on y est
On a mis la raquette sur le système qui tient le contre-pivot (vu ici de dos)
Après une lutte aussi violente qu'elle fut longue, le plomb qui est serti en fin de ressort du balancier est replacé dans le logement qui le maintient sur la raquette. Miracle, cela tient et j'arrive à resserrer la vis qui maintient le plomb, sans toucher au ressort ni matraquer le tout. Aller, ça mérite une banane
On replace le balancier sur la platine avec le pont, on s'assure que tout se place bien avec l'ancre et la roue d'échappement, que ça ne force nulle part, on pose délicatement et on appuie un peu. On s'assure que les rotations du balancier déclenchent bien le va et vient de l'ancre... et non
Voilà, l'ancre est dans le mauvais sens
J'enlève le pont de balancier, le pont d'ancre, je retourne l'ancre, je replace le pont, je remet le pont de balancier, je teste, et hop, ça joue
Bref, je m'étais trompé sur le montage de l'ancre.
On s'assure que le spiral est bien plan, qu'aucune spire n'est collée, que le ressort de spiral passe bien entre les deux micro-tenons (et non pas les micro-tétons
) de la raquette : oui, ça ne semble pas pire !
On va finir la partie qui transmet l'énergie au mouvement. On commence par remettre le ressort du cliquet
Puis, le cliquet. J'avais tenté de mettre le rochet
avant le cliquet, et c'était impossible sans ma troisième main
Avec le cliquet en premier, ça fonctionne au poil.
On rajoute le rochet, et voilà, c'est fini
Tremblant, on arme le mécanisme avec la tige de remontoir et... ça fonctionne
Enfin, avec les réserves émises auparavant. Il reste encore à remettre les aiguilles, le cadran et à remboîter le tout.
«Nous les gueux/ nous les rien/ nous les peu/ nous les chiens/ nous les maigres/ nous les Nègres/ Qu’attendons-nous/ Qu’attendons-nous pour faire les fous/ pisser un coup/ tout à l’envi/ contre la vie/ stupide et bête/ qui nous est faite ? »
(Léon-Gontran Damas - cité par Christiane Taubira)
Dès que j'aurais mis les aiguilles et remboité, je la passerai sur le chrono-comparateur mais je vois d'ici le verdict. Par ailleurs elle est très dure au remontage alors qu'auparavant elle était relativement douce. Bon, on sait d'ou ça vient : je n'ai pas assez huilé/graissé. Pensant en mettre déjà trop, j'y suis allé trop parcimonieusement.
Ne pas hésiter à en faire trop que trop peu.