L'histoire entre ETA et l'autorité de la concurrence suisse tourne visiblement à la pantalonnade.
Déjà, l'objet de la COMCO est, normalement, de favoriser la libre concurrence. Or, pour la faire courte, il n'existe que deux acteurs majeurs sur le marché du mouvement mécanique suisse : ETA et Sellita, un oligopole. En retirer un des deux du jeu revient à ouvrir un boulevard à Sellita et donc à créer une situation de quasi monopole ce qui, en définitive, serait aux antipodes des obligations de la COMCO ! C'est juste grotesque.
Ensuite, une administration suisse qui prendrait cette décision saborderait immédiatement son industrie horlogère. Non seulement le Swatch Group serait gravement atteint par la perte de CA sur la fourniture des mouvements ETA, mais l'onde de choc toucherait immanquablement les marques labelisées "Swiss Made" (hors SG) qui se fournissent justement en ETA. La COMCO dira probablement que ces dernières n'auront qu'à se fournir chez Sellita ? Soit. Mais a-t-elle simplement évalué les capacités de production de Sellita ? Parce qu'à aujourd'hui, leur part de marché est de grosso merdo 15% contre plus de 55% pour ETA ! À mon humble avis, les emboîteurs vont les attendre un moment leurs mouvements Sellita...

Surtout si cette loi devait être applicable au 1er janvier 2020, je ne connais aucune industrie capable de se réorganiser en moins d'un an (le temps pour les clients d'écouler leurs stocks d'ETA) pour tripler ou quadrupler son volume à niveau de qualité constant.
Enfin, quand bien même cette décision serait validée, une loi, ça se contourne. Si l'entité ETA SA est intedite de vente, il suffira aux Hayek de créer une énième filiale du Swatch Group, petite PME façon société écran, qui aurait pour fournisseur ETA (interne au groupe donc autorisé) et qui vendrait les mouvements à l'extérieur du groupe. Une sorte de blanchiment de mouvements quoi.
chewo a écrit:les prix vont flamber sur ceux qui emboitent de l'ETA et qui vont devoir se fournir ailleurs?
Pas forcément, les micro-marques non labelisées "Swiss Made" iront encore davantage sur du SII, du Mioyta ou du Seagull. Ce sont surtout les "Swiss Made" hors Swatch Group qui vont manger bon. Parce que pour respecter la règle des 60%, il ne leur sera pas possible de conserver leur label en emboîtant du japonais ou du chinois. Or, comme dit plus haut, Sellita et Ronda dans une infime mesure auront-ils la capacité à reprendre la part de marché ETA ?
Non, par contre, là où les prix pourraient bien flamber un peu, c'est justement sur les marques du Swatch Group ! Parce que le manque à gagner énorme et soudain sur la fourniture de mouvements, il va bien falloir le récupérer en partie ailleurs...
