Reno a écrit:whysea a écrit:Pour ton anniversaire, voici une ville rien que pour toi

Ouais. J'y suis-z-été, quand j'étais encore un teenager.
Une expédition mémorable, depuis Stanford, où nous créchions avec un pote, l'été 1991.
Faut je vous raconte, ce fut épique.
La dernière semaine, avant notre retour en France :1) On avait fixé rendez-vous à 13h à Sabine, une copine de BTS (qui était jeune fille au pair à Piedmont) et une copine à elle, afin qu'elles nous accompagnent au lac Tahoe, pour passer le week-end ;
2) On se tape donc les 70 bornes qui séparent Stanford de Piedmont et on arrive à 12h30, comme des roses… pour trouver un papier posé devant l'entrée de la casba, avec marqué dessus un truc du genre "on avait marre d'attendre, on est parti, on se retrouve là-bas" !!!!
Si vous regardez une carte, vous verrez que ça fait faire un léger détour pour rien
Le pire c'est que cette nana, avec qui on bougeait pas mal sur Paris, était abonnée aux plans foireux (jamais à l'heure ; on l'avait paumée plusieurs fois dans la circulation alors qu'on devait la suivre pour aller à une soirée…) et c'est pour ça qu'on avait pris large, en prévision d'un de ses coups tordus. Raté.
3) Comme on la connaissait par cœur, la veille, pour être sûr de blinder le coup avec cette truffe, on lui avait envoyé une liste de
motels répertoriés dans le guide du routard, afin d'avoir un point de ralliement "au cas où" on se serait perdu.
Je rappelle que cette histoire se passe en 1991, un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, et qu'
on n'avait pas de téléphones portables 
j'avais même pas encore de
beeper à l'époque, c'est vous dire.
Elle avait donc choisi le premier de la liste (pas la peine de s'emmerder) le "
Four Seasons Motel" je m'en souviens encore. Détail amusant, et qui aura son importance par la suite, c'était le seul motel de la liste pour lequel aucun numéro de téléphone n'était indiqué
Fort de cette information, et le temps de se remettre de nos émotions (après avoir hurlé comme des veaux, en proférant les pires horreurs à l'encontre de cette Conne majuscule, dans le quartier hyper-résidentiel et huppé où nous nous trouvions), nous nous remettons donc en route, avec dans le viseur le fameux
"Four Seasons Motel", où, pas très convaincus, nous espérions la retrouver.
4) Et c'est parti pour 300 bornes…
Nous arrivons donc à Tahoe en milieu d'après-midi, et nous nous mettons à la recherche de l'adresse du Motel. Je rappelle à nouveau que nous sommes en 1991 : pas de mobile, et évidemment PAS de GPS.
À l'époque, quand on cherchait une adresse, c'était avec une
carte.
Je sais, c'est horrible. J'ai jamais pu me servir d'une carte
Bref, on a commencé à tourner, à tourner… à tourner… Aux États-Unis, faut le savoir, les distances deviennent rapidement déconnantes. Quand on vous dit "c'est pas loin", on peut rapidement rouler UNE HEURE avant d'arriver… bref, on a tourné.
À l'adresse supposée du motel, y avait rien. Nib. Un terrain vague.
On trouvait pas. Au bout d'un moment, on s'est arrêté, je suis rentré dans une boutique, et j'ai demandé à la tenancière (super désagréable, je me souviens), si on était loin du "Four Seasons Motel" ?
Après m'avoir fait répéter
quatre fois le nom, à cause de mon accent, qui ne devait pas être à son goût (c'est vrai que dans le Nevada, c'est
spécial, l'accent)
(bande de ploucs), elle finit par dire : "Aaaaaaaaaaaaaaaah !!! The four Seeeeeeeeeeasons Moooootel !!" (connasse) "It's been destroyed many years ago !"
Il fallait que l'autre buse ait choisi le seul motel de la région non joignable depuis une cabine, et qui n'existait plus depuis des années
Avec 400 bornes dans les pattes et un détour pour rien, ça faisait un peu beaucoup pour un week-end de 3 jours
Ennnnnnnnfin.
Il a fallu se trouver un motel, pour la nuit ce coup-ci ; là aussi ça a été épique… pour ceux qui ne connaissent pas, le lac Tahoe, ça fait plus de 500km² (le lac d'Annecy en comparaison, c'est moins de 30 et c'est déjà pas tout petit).
TOUS les motels devant lesquels on passait étaient "no vacancy"… donc on a commencé à tourner…
Et on ne se rend pas compte, mais on peut rouler très, très trèèèèèèès longtemps autour de ce lac.
Je crois qu'on a du trouver un motel libre sur les coups de 23h-minuit, un truc miteux, avec des chambres HORS DE PRIX (genre 60$ par personne)
Le lendemain, on est parti à Reno (donc).
C'est pas terrible Reno, c'est un peu comme Las Vegas, mais en petit. En quand on est comme moi totalement imperméable aux jeux d'argent, on se fait rapidement chier. Y a bien les serveuses déguisées en p'tit lapin, mais vu la tronche qu'elles tirent, ça encourage pas à la consommation.
Le truc amusant, c'est que mon pote voulait à tout prix qu'on prenne le p'tit déj dans un casino, et là on s'est rendu compte que les chambres
super luxe coûtaient le même prix que le motel de la veille !!!

mémorable.
C'était mon souvenir de Reno.
Autant dire que bon

je crois que le seul truc dont je me souvienne, c'est que ça doit être la première fois que j'ai vu de la salade coleslaw. Wooo-hooo !!!
On est revenu à Tahoe, passer deux jours dans un chalet loué par la famille de mon pote, puis, comme le jour du départ approchait, nous sommes repartis pour la Californie.
Seulement voilà, vous allez rire (j'en ris encore moi-même), à trois jours du départ, alors que nous étions dans le Nevada, on a finalement décidé de ne pas rentrer directement à Stanford, mais de descendre la
5 jusqu'à Los Angeles ! (je rappelle, on avait 20 ans).
Hop, 1600 bornes aller-retour, juste pour passer une journée à L.A.
Je ne me souviens plus comment s'est passé le retour ; tout ce que je sais, c'est que Sabine (la fille qu'on devait retrouver à Tahoe) nous avait rejoint sur le campus, et qu'on s'était murgé la gueule (aucune idée
où, vu que dans mon souvenir, la cafet étudiante où nous allions d'ordinaire était fermée, à cause de la fin des cours d'été).
Au réveil, le lendemain matin : une constatation
horrible : cette
fille, qui était donc rentrée à Piedmont en pleine nuit (je rappelle, à 70 bornes de chez nous) nous avait proposé de revenir nous chercher pour nous emmener à l'aéroport de San Francisco
à peine quelques heures plus tard
On rendait la bagnole de loc
le matin même.
Plus aucun moyen de transport,
donc. Aux USA, t'as pas de bagnole, t'es dans la merde.
Totalement paniqués, on a commencé à essayer de voir comment on pouvait rejoindre SF par nos propres moyens… sachant que rien que pour atteindre la plus proche station du BART, il aurait fallu quasiment marcher UNE HEURE avec nos bagages !!!! Je vous raconte pas la crise de panique qu'on s'est tapé
Finalement, contre toute attente (et je crois, pour la seule et unique fois de sa vie) Sabine a tenu parole et était là à l'heure dite, on a eu notre avion.
Putain, je suis crevé. Et vieux.
Encore plus vieux. De plus en plus vieux…