Index du forum ‹ Hors sujet

[Reno]

Un OVNI, ce soir… un film fantastique de Godard de 1965 dont j'ignorais jusqu'à l'existence :


ALPHAVILLE






Croyez-moi les copains, faut avoir les bretelles bien accrochées

[Untel]

Je connais de nom mais jamais vu.
Ça donne quoi ?

[Reno]

C'est une bizarrerie ahurissante.

Lemmy Caution (on y reviendra) joué par Eddie Constantine, est un espion envoyé par les "galaxies extérieures" qui arrive à ALPHAVILLE, capitale de ce qu'on devine être un empire, sous couvert de journalisme.
Prétendant réaliser un reportage, il cherche en fait à découvrir ce qui se passe réellement à ALPHAVILLE, et quelles sont ses intentions de ses dirigeants vis à vis des autres "galaxies". On suspecte un climat de guerre non dite.

Bien qu'il soit vaguement marqué à la culotte durant son séjour (par des agents, et Natacha, une poule de luxe, la propre fille du professeur von Braun -sic-), il jouit d'une relative autonomie de déplacement (faussant assez facilement compagnie à ses 'accompagnateurs')

Il découvre assez rapidement qu'ALPHAVILLE est une société basée exclusivement sur la logique (dont le non respect conduit jusqu'à la peine de mort - exécutions étranges dans une piscine ou le condamné est mitraillé par des militaires, avant qu'une troupe de jeunes naïades ne plongent finir le boulot au couteau ) le tout sous le regard d'un public bon chic bon genre qui vient assister aux exécutions.

Dans cette société avancée, les ingénieurs et techniciens règnent en maître, mais on découvre assez vite que le "cerveau" est en fait la machine, omniprésente, avec ses ordinateurs, ses capteurs, ses hauts-parleurs, qui analysent en permanence l'activité humaine, qui traque les incohérences, les inefficacités, les mots inutiles, la poésie…


L'impression qui s'en dégage est assez étrange. La manière dont je l'ai perçue, c'est le regard d'un homme des années 50 (le film est de 1965) sur une société qui s'automatise à un rythme accéléré depuis l'après-guerre, ou les maths (la statistique, les probabilités) remplacent les Humanités avec comme résultat une société technicienne très froide.

Le film est tourné à Paris, mais tout est fait pour donner l'impression d'un film noir américain des années 50 (les bagnoles, les enseignes lumineuses, les produits…). Ça m'a rappelé "mon oncle" et "Playtime" de Jacques Tati.

Mais ce qui est frappant, c'est que de toute évidence, Godard (toujours vivant en 2020) ne peut pas encore appréhender ce que deviendra cette technique 20 ans, 30 ans, 50 ans plus tard. On perçoit ses inquiétudes, mais comme souvent avec l'anticipation, on les relativise, car on vit dans le monde horrible (comme les occupants d'Alphaville, d'ailleurs, qui semblent s'accommoder de leur existence quotidienne) qui est le nôtre, sans trop se poser de questions.


L'impression que ça m'a donné, c'est une espèce de vision de l'avenir depuis le passé. Ce qui est étrange, c'est que dans l'absolu, on pourrait évidemment dire ça de toutes les œuvres d'anticipation (les années 50-70 furent particulièrement riches en la matière, surtout en littérature), mais en général, ça tape tellement à côté (voitures volantes, extra-terrestres, colonies dans l'espace, combinaisons métallisées) qu'on porte un regard amusé, presque bienveillant, sur ces dystopies rapidement démodées

Là ça donne plutôt une impression de malaise, car c'est le monde informatisé des années 80 qu'on voit se profiler, et certaines séquences sont vraiment impressionnantes, en particulier celle du premier 'interrogatoire' de Lemmy, emmené par un fonctionnaire qui l'entraîne dans un couloir où la voix trachéique de la machine énonce, chaque fois qu'ils passent devant une porte "occupée", "occupée", "occupée", "libre" ; ça m'a instantanément évoqué le cas des employés d'Amazon qui bossent avec un casque sur les oreilles, lequel leur donne les instructions en temps réel du rayonnage où il doivent se rendre, quelle étagère, quelle ligne, quelle référence ils doivent prendre/réapprovisionner… les gars sont transformés en lapin Duracel, et ne réfléchissent même plus à ce qu'ils ont à faire.






Il règne vraiment une ambiance très curieuse dans le film ; j'ai même eu du mal à comprendre la plupart des situations car d'une part, Eddie Constantine joue un type imbuvable qui envoie chier tout le personnel de l'hôtel et la plupart de ses interlocuteurs. D'autre part La population générale est assez amorphe ; seuls les "techniciens" semblent faire preuve d'un peu de vivacité d'esprit, sauf que celle-ci est mise à l'exclusive disposition de la Machine… du coup, les discussions tournent court.


Un autre truc curieux, il est assez difficile de "situer" le film temporellement… j'ai revu Bunker Palace Hotel il y a quelque temps, et ça m'y a fait repenser. Bien sûr, il y a le Paris des années 60, mais de nuit, ce qui crée une ambiance à la Blade Runner (enfin de très loin, hein) mais les scènes d'intérieurs sont tournées dans des architectures ultra-modernes (années 50-60, entre Loyd et le Corbusier - "Maison de la Radio, alors récemment inaugurée et au nouveau siège social de la société Esso, premier immeuble moderne du futur quartier d'affaires de La Défense, détruit en 1993 et remplacé par l'ensemble d'immeubles Cœur Défense" nous dit wikipedia)



L'autre bizarrerie, c'est que Lemmy Caution est un personnage de "privé" pré-existant dans la littérature… pour quelle raison Godard s'est retrouvé à faire un film d'anticipation avec lui, je dois dire que je n'ai pas fouillé. Faudra que j'investigue (si j'ose dire).


Le résultat final est très très très étrange en tout cas.

Et puis vraiment cette sale impression de voir arriver le monde moderne des années 80, une impression que j'ai moi-même éprouvé quand j'étais gamin, où j'avais douloureusement ressenti le poids des sciences (Maths en tête) à l'école, en devant ainsi supporter quotidiennement la prédominance des crétins instruits qui raisonnent avec une règle graduée, et pour qui le monde se résume à des trucs à quantifier.


Enfin bref, c'est très curieux.

[Untel]

Ça correspond grosso modo à l'idée que je m'en faisait en tout cas.
Faudra que je le regarde un jour.

Bunker Palace hôtel... J'ai adoré.
C'était pas évident de mettre en image la BD.

[Reno]

Ça correspond grosso modo à l'idée que je m'en faisait en tout cas.
Faudra que je le regarde un jour.

Par contre, faut juste être prévenu : c'est super lent.

Bunker Palace hôtel... J'ai adoré.
C'était pas évident de mettre en image la BD.

C'est un joyau, ce film. Un des rares où je ne trouve pas Carole Bouquet insupportable.

Et un de mes rôles préférés de Trintignan, avec "Ma nuit chez Maud".

[Nico_le_Normand]

Saison 9 confirmée pour Dexter !
Peut-être une <<vraie fin>>.
J'attends ça avec impatience.

Sinon ce weekend, je suis tombé un peu par hasard sur <<Most dangerous game>>.
C'est avec Christoph Waltz et Liam Hemsworth.
Hyper original comme formule : 15 épisodes de 8 minutes chacun.
Au total, ça fait 120 minutes, mais si on colle tout bout à bout, c'est quelque chose à vous faire passer 24 heures dans la vie de Jack Bauer pour un truc neurasthénique.

C'est inspiré de la même histoire - dans les années 20/30 - qui a donné <<Les Chasses du Comte Zaroff>>.

[Reno]

Saison 9 confirmée pour Dexter !
Peut-être une <<vraie fin>>.
J'attends ça avec impatience.

Non ?!!?

Avec les mêmes acteurs ?

Parce que ça remonte à quoi, la dernière saison… plus de 10 ans, nan ?

[Reno]

Sinon on a commencé un truc bien délire

[Nico_le_Normand]

L'important est d'avoir le personnage de Dexter.
LaGuerta, Dookes et Debra sont couis.
Batista a filé sa dem' pour ouvrir son restal.
Reste à voir maintenant comment il peut être réintroduit dans l'histoire.

[Reno]

Honnêtement, je ne me souviens même plus comment ça se terminait… je me souviens qu'ils avaient déconné à plein régime en butant le personnage de Julie Benz (j'avais trouvé ça abusé)… en fait, je me demande si j'avais bien vu la 'dernière' saison