Trumpet a écrit:Quand tu dis dessin, c'est plutôt dessin-art plutôt que dessin-industriel ???
Je te demande c'est juste par curiosité....parce que j'admire beaucoup le dessin (j'ai pris 4 ans des cours d'aquarelle pour finir par faire des dessins souvent très naïfs, alors que quand je voyais la prof peindre, voir le jeu des couleurs dans les différents stades de l'humide, bé c'est là que je prenais tout mon plaisir finalement).
C'était du dessin humoristique… j'étais excessivement influencé par Gotlib et Edika.
De 1985 à 1994, j'ai fait un recueil de BD, de textes, de montages photos (avant l'infographie, méthode ciseau + colle "en vrai"

)… le format était celui des "petits cahiers" épais (je ne me souviens plus combien ça faisait 200 ou 400 pages…

). Il y eut quatre tomes, de ma dernière année de collège, à la fin de ma prépa aux Beaux-Arts (j'ai arrêté en atelier, pour me consacrer à mon projet pour le diplôme, et surtout parce que ça commençait à tourner en rond).
Ça s'appelait le
"Délire Show". L'idée était née un été en Angleterre, ça devait être au départ un genre de "Muppet Show" en BD, avec un animateur mi animal-mi robot (ouais, j'été pas mal attaqué, à l'époque) autour duquel devait s'agiter une espèce de troupes de bestioles bizarres… en fait, sous cette forme, le projet n'a jamais eu lieu, c'est un peu parti dans toutes les directions.
Je me souviens que les pages avaient des petits carreaux (je ne bossais jamais sur du papier "à dessin"

).
La pagination était assez curieuse :
- sur la page de droite se trouvait la BD principale (qui se déroulait sur plusieurs pages, parfois sur une seule).
- sur la page de gauche, c'était le coin "foutoir" ; j'y mettais ce qui me passait par la tête. Des montages, des textes… au tout début, dans le premier tome, des coupures de presse de journaux anglais, rescapées d'un exercice en classe d'Anglais. C'était du grand n'importe quoi.
C'était véritablement un genre de fourre-tout, qui aurait très bien pu s'arrêter très vite, sauf que très peu de temps après avoir commencé, un vague pote du collège que je ne connaissais pas très bien était chez moi un après-midi, je lui montre la première BD (qui ne devait même pas être terminée, si je me souviens bien), et le mec se met à se marrer… il n'en pouvait plus, il en chialait
Et je me souviens que j'avais été assez surpris et très impressionné par la réaction que ça avait suscité chez ce gars-là.
Le soir même, je crois que j'ai du montrer la BD à mon frère…pareil, un bidonnage intégral

(lui par contre, était branché BD, il connaissait très bien Gotlib, je crois même que c'est lui qui avait les Rubrique-à-Brac et qui me les avaient prêtées la première fois).
Je me suis dit que je tenais un truc. En tout cas ça m'avait filé un coup de boost pour continuer.
Par la suite, chaque année, je "recrutais" des camarades de classe pour participer au Délire Show. Pas nécessairement des amis proches, simplement des gens qui acceptaient de jouer le jeu. C'était très rarement des gens qui savaient dessiner, je leur avais dit que je m'en foutais (très honnêtement, je n'ai jamais été un très bon dessinateur, le côté technique m'a toujours emmerdé, et ça se voyait). Ils faisaient essentiellement des textes et des montages, on utilisait massivement les magazines de nos parents, et on détournait des pubs, on réagençait les textes pour écrire des grosses conneries. On déversait toute la merde qu'on avait dans le crâne, c'était excessivement jouissif.
Il ya eu deux grandes périodes :
- quand j'étais au lycée à Versailles, où j'avais vraiment une super bande de potes. On était tous assez fan de John Byrne et de sa "Division Alpha", et j'avais donc créé la "Division Alphonse", on avait tous des pseudos à la con, et tout ce petit monde contribuait assez régulièrement au Délire Show, dans la mesure de ses moyens
je me souviens que le premier "sujet" que je leur avais donné en début d'année, c'était "la gamelle" (thème libre)… ça avait donné lieu à quelques bonnes tranches de rigolade
- en BTS, avec d'anciens amis d'enfance que je revoyais à nouveau, des types assez brillants (surtout un) qui avaient d'excellentes idées, et un vrai talent… c'est devenu moins gros humour qui tâche, mais plus cérébro-déconnant… et de plus en plus cul, aussi. Enfin soft, mais cul quand même… on sentait que l'âge avançant, les préoccupations des uns et des autres commençaient à évoluer vers d'autres sujets.
C'est vraiment marrant quand je repense à ces quelques années, je me rappelle que le Délire Show avait acquis une micro notoriété… il "tournait" dans les classes, on se le passait sous le manteau.
J'aurais été dans d'autres dispositions d'esprit, j'aurais peut-être pu en faire un journal étudiant, qui aurait du coup connu une diffusion plus large, mais c'était totalement à l'opposé de mes préoccupations. Je n'avais pas fait ce truc-là pour que ça soit vu… c'était plutôt un genre de secret honteux, qu'une bande d'ados boutonneux se passaient en ricanant, pour le lire sans être vus.
Tu as un site perso pour que des petits curieux dans notre genre puissent se rincer les yeux ou c'est pas du tout d'actualité ?
Oui, mais… il est inactif depuis des années, et franchement, c'est d'une part très mauvais et d'autre part plus du tout d'actualité.
La réalité, c'est que je ne dessine plus du tout depuis plus de 10 ans.
Dessinateur de montres pour des micro marques américaines (à chaque fois je pense à WUS quand je vois ton pseudo quelque part) pour des micro marques comme Doc Vail ?
Non, c'est vraiment pas un truc qui me travaille… je ne me suis jamais dit "tiens, je dessinerais bien une montre". Il y a tellement d'offre que je n'ai aucune frustration de ce côté-là. Or le dessin, c'est quand même vachement un truc qui joue sur le manque, la frustration. Un peu comme toutes les activités "artistiques", d'ailleurs…
C'est parce que tu as envie d'un truc, mais que tu sais que tu ne pourras jamais l'avoir "en vrai" que tu te mets à le dessiner, pour exorciser le bazar.
J'arrête de jouer aux devinettes, mais c'est sur que si il y a des braises qui couvent du côté du dessin, moi je couperais bien du bois pour les alimenter ces braises

Nan, mais pas vraiment en fait… ce serait plus un concours de circonstance… je rencontre un mec qui tient une galerie, on cause, le courant passe, ça me remet en selle, mais c'est pas un projet actif, volontariste… comme tout ce que je fais, c'est très velléitaire.
Je trouve comme les copains que tu as une belle plume....alors si tu as en plus un bon coup de crayon....Tu peux commencer à faire tes armes comme pigiste à l'Est Républicain..
Ouais, alors là on va s'attaquer à un sujet délicat…
J'ai une détestation absolue pour les médias officiels.
TOUS, sans exception. La PQR en fait partie.
On travaille pour qui nous paye, sous un rapport de domination. C'est LA règle en économie libérale.
La presse appartient à la finance (banque, assurance) à des marchands d'armes, à l'industrie pharmaceutique, c'est à dire
des gens dont le cœur de métier n'est pas vraiment "l'information".
Alors pourquoi investir dans ce secteur, archi déficitaire ? Le Figaro, le Monde, Libération, Charlie Hebdo, tous ces torche-culs ne survivent qu'à coup de subventions, d'injections massives de capitaux privés et d'abonnements institutionnels (Aéroport de Paris, APHP, hôtels…) ils n'ont plus aucun lecteur (enfin presque), plus d'abonnements, hormis la frange de la population des plus de 65 ans (c'est à dire essentiellement les gens qui votent) qui "s'informe" encore seulement par ces mêmes médias.
La
grosse presse est depuis bien longtemps un outil de communication, au sens "journal d'entreprise".
C'est pas de l'information, c'est que le public "doit" savoir. De la propagande ni plus ni moins.
Pas de place pour l'analyse ou pour le travail d'enquête, pas de débat contradictoire, mais de la fausse polémique, très spectaculaire, toujours sur le même modèle : un plateau, 6 invités ; 5 qui pensent la même chose avec des désaccords de surface, 1 mec porteur du discours contradictoire, qui servira de punching ball pendant 40 minutes, et qui fera office de repoussoir pour le spectateur.
Il faudrait maintenant parler du rôle des journalistes, mais là, ça risque de me mettre mal avec nico pour qui j'ai par ailleurs une grande tendresse.
Du coup, l'idée de bosser dans une des ses officines de contrôle de masse des populations m'est particulièrement insupportable.
J'imagine que la fréquentation quotidienne des "journalistes" devrait déclencher chez moi un cancer colo-rectal en moins de 6 mois.
Après, je suis comme tout le monde, quand je serais à crever de faim, je vendrais mon cul sans hésitation si on m'offre une pige rémunérée. Et je dirais tout le bien que je pense du
monde tel qu'il va.
Je me passionnerai pour les
primaires à droite, je serais outré par les agissements des dictateurs sanguinaires russe et lybien, je regretterai Obama. Je me réjouirais de la reprise de l'économie en France, je hurlerai contre le Brexit (quels cons, ces Anglais

) et du retour au plein emploi aux États-Unis.
Je regarderais TPMP, je trouverais vraiment Hanouna sympa.
Mais tant que j'ai ma dignité (pauvre mais digne, toujours digne), je vais essayer de garder mon froc le plus longtemps possible.
Parce que je sais que quand je me ferais enculer, on ne me caressera pas la nuque en me susurrant des mots doux à l'oreille.
Ce sera brutal.
Mais je suis très mal placé pour donner à qui ce soit des conseils sur quoique ce soit en matière professionnelle ou même personnelle
Tant que faire se peut (chuis pas gendarme), à fortiori.....il faut choyer les bouts de braise qui couvent sous la cendre

Hm.
Le problème c'est quand le feu est complètement éteint. Il n'y a plus rien, sous la cendre.