A jeun, donc rapidement bourré, j’accélérai la procédure ; bien m’en prit. Mes manières cavalières correspondant sans doute à ses fantasmes, elle m’entraîna dans l’autre pièce après le rituel passage en bouche, pour me faire visiter plus à fond son petit intérieur. Là, gêné par son regard où je voyais se refléter mes mots menteurs, je la retournai d’une main leste, continuant de l’autre à mimer la douceur. Hanches larges mais taille fine, peau laiteuse et blanche sans aucun mélanome ni bouton ; petit miracle. Dans la chambre carrée et froide sur le futon carré à même le sol, son cul sous le lampadaire de la rue s’éclaira comme une pleine lune. Ragaillardi par l’irruption de l’astre des poètes dans mon ciel vide – à une époque où l’absence de sida, donc de préservatif, faisait gagner en temps ce qu’il vous évitait de sordide –, je m’activai sans gêne, motivé et gracieux, jusqu’à ce que la sensation baveuse de ferrailler dans du mou de veau ne me ramène au vilain décor. Absence de rideaux, carrelage clair, store enméthacrylate gris beige. Un tel laisser-aller chez une fille de cet âge, incapable de contrôler son tonus musculaire aux abords du plaisir, provoqua en moi dégoût et agacement glacé. J’allais me retirer quand une étrange sensation, humide et brûlante au bas des couilles, me fit perdre à nouveau toute notion de distance de la Terre à la Lune. Abandonné inconscient au plaisir, je m’obligeai bientôt à porter une main ferme à sa source pour me saisir, au milieu des peluches, d’une petite touffe de poils vivante. Ouaf, ouaf !La honte rétrospective pourrait me faire taire mais je dois à mon lecteur. C’était son petit chien qui me léchait l’arrière du scrotum de sa langue râpeuse et enfiévrée.Que dire ? Que faire ?La fille dont les fesses allaient et venaient devant moi comme du pudding anglais, était déjà partie trop loin pour s’intéresser à autre chose qu’à son fuyant plaisir. Je remis donc l’innocente petite bête au sol qui reprit aussitôt sa besogne.Pétale de rose, concours canin. Oserai-je l’avouer ? Nous jouîmes en même temps, elle seule, moi avec le chien. Un petit yorkshire mâle à poils long de trois ans, vierge, prénommé Poupeto.
Poupeto mi corazon, à la langue rêche et aux yeux de velours ! Je ne sus jamais si tu avais été dressé à cet exercice par une paumée perverse, ou si cet élan d’amour t’était venu d’instinct. Quoi qu’il en fût, ce pur moment de tendresse – resté jusqu’à ce jour secret – est le plus beau moment de communion charnelle dont je me souvienne. Ouaf, ouaf !

Extrait de "Misères du désir", un roman autobiographique du sieur Soral.