Ouais, hein ?
Bien que je n'ai pas vécu directement dans ces grands ensembles, j'ai quand même passé la première partie de ma vie dans un petit village qui a vu sa population multipliée par TROIS à la fin des années 60 (c'est à dire une dizaine d'années avant ma naissance), ce qui a transformé en profondeur sa sociologie, puisque du temps de mes grands-parents, c'était une petite ville aux portes de Paris, où tout le monde se connaissait ou presque, d'après ce qu'ils m'en disaient.
J'ai connu un monde radicalement différent, avec autour de moi des mômes qui arrivaient de partout, et qui n'avaient plus aucune attache 'historique' avec cette ville. Un cadre mental/symbolique totalement différent. Pour ceux de ma génération, un bain culturel formaté par l'occupant (la musique, le cinéma), pas étonnant que j'ai été, moi qui étais le petit dernier de toute la famille, en décalage complet avec mes ainés, qui avaient connu un monde balayé par les années 70. Dans ce contexte, il était parfois un peu difficile de se comprendre.
Malgré tout, cette commune des Hauts de Seine, relativement protégée entre Saint Cloud et Versailles, avait connu un urbanisme à peu près sous contrôle, avec certes la construction de grandes résidences (pour l'une d'elle, qui se trouvait au bout de nos rues, on aurait presque pu parler de "grand ensemble" vu son emprise au sol), il s'agissait malgré tout d'appartements plutôt cossus destinés à cette grande "classe moyenne" qui allait connaître ses plus belles heures durant la décennie 70-80. A l'époque, on y croyait. Enfin "les grands" y croyaient, parce que moi, coincé entre deux époques, je voyais bien que ça commençait à puer méchamment, et que le monde idyllique de l'éternelle consommation qu'on me promettait (et qu'avaient largement connu les membres de ma famille) avait une super sale gueule, et je sentais confusément que ça n'allait pas tenir bien longtemps. Mon arrivée tardive dans le monde du travail, à la toute fin des années 90 m'en a hélas apporté la douloureuse confirmation.
Néanmoins, aux alentours, des "grands ensembles", des cités, il y en avait un peu partout. La région parisienne en regorgeait, et cette impression étouffante d'horizon bouché, au propre (impossible de ne pas avoir une barre d'immeubles au bout de chaque rue) comme au figuré a sans doute été générée chez moi par ces constructions en béton tout autour de moi.
Ca fait 15 ans que j'ai quitté Paris, et chaque jour est un émerveillement
