par Nico_le_Normand » 10 Juin 2013, 07:28
On peut dire que Lip est la partie visible de la mutation / rationalisation industrielle qui s'opère dans les années 70.
Lip - LA Manufacture Française de montres dans toute sa définition - n'a pas vu (ou n'a pas voulu voir venir) l'arrivée de montres bon marché américaines ou japonaises à quartz ... n'a pas vu non plus que - peut-être aussi - le gros des consommateurs était à la recherche de montres moins chères, plus modernes, plus fun. Les montres Lip sont des montres de manufactures horlogère, sérieuses, qui privilégient le soin et la qualité de fabrication à la pièce. Elles sont belles, mais peut-être un peu chères.
Les Kelton seront des produits fabriqués à l'échelle industrielle, vendues dans les bureaux de tabac avec un slogan qui reste encore dans les mémoires (Vous vous changez, changez de Kelton. La montre n'est plus un objet précieux, elle devient un accessoire vestimentaire).
Le coup violent a été l'entrée dans le capital de Lip du groupe suisse ASUAG en 1967, sa prise de contrôle trois ans après et la volonté radicale de changement... dont la première manifestation est l'éjection de Fred Lip.
Hé oui... les Suisses - eux - les ont vu venir, ces changements.
Et Lip est quand même un bel outil industriel... et le sera encore plus avec son intégration à ce qui ne s'appelle pas encore Swatch Group !
Ensuite, l'histoire, tout le monde la connaît : une suite de soubresauts et de faux espoirs qui s'achève en 1977.
Même la reprise par Kiplé n'y suffira pas.
"Lip c'est fini", avait dit en son temps Pierre Messmer alors Premier Ministre...
... "autogestion" répondit la CFDT.
Les syndicats - CFDT en tête - voulaient-ils sauver Lip...
... ou se faire un grand nom de l'Entreprise en France ?
Personnellement, je penche pour la seconde solution.
Ce qui est sûr, c'est que l'affaire Lip est aussi une exécution politico-syndicale dans l'immédiat après 1968 et, ce qui est sûr, c'est que les uns et les autres se sont donnés la main pour que la Manufacture sombre façon Titanic. Parmi les porte-flingue : un syndicaliste nommé - cruauté du sort - Piaget !
Ce qu'on sait peut-être moins, c'est que les syndicats se méfiaient de ce vieux patron de Fred Lip, trop paternaliste, trop attentif à ce qui se passait dans sa manufacture, trop près de ses ouvriers. Ça leur paraissait suspect. D'une manière ou d'une autre Le Vieux aurait sauté parce qu'il était impensable pour les syndicats qu'une avancée puisse ne pas être de leur fait... pire : qu'elle soit du fait du patron.
Ça, Jean Claude Sensemat le raconte dans Comment j'ai sauvé Lip. alors, la MGH a t'elle sauvé Lip en rachetant le nom à Kiplé en liquidation dans les années 2000, en offrant des montres Lip comme cadeau de réabonnement aux titres de la presse et en leur collant des modules quartz Miyota ou Seiko Industries... je n'en sais foutre rien. Il n'en reste pas moins que Lip existe toujours... fabrique toujours des montres... avec des modules pas tous totalement pourris. et même ses quartz bas de gamme... quand on voit qu'ils sont montés dans des montres accessoires de mode 4 à 5 fois plus chers qu'une Lip de base... il y a de quoi se poser des questions.
En tout cas, Lip est une marque qui m'est chère au coeur.
Et je les aime toutes, mes Lip... quartz ou mécanique !
Je suis l'addition de mes contradictions. Son résultat doit être proche de zéro. En clair, je ne suis pas grand chose. (Нико_ле_Норманд)
Je n'ai plus qu'à me vendre aux saints, aux martyrs et aux anges. (Jérôme Santelli)