Le gros soucis, malgré toute l'affection que je porte aux petits commerçants de quartier, c'est que ce n'est plus une différence de degré, mais bien de nature, avec le commerce en ligne.
Parce que si c'était juste
SIRAP a écrit:peut etre un peu plus cher
ça ne serait effectivement pas un obstacle pour la plupart des gens.
Il faudrait évidemment s'entendre sur le "un peu plus cher". 5% plus cher ? Au delà, ça commence à devenir compliqué.
Je n'ai jamais gobé l'histoire du "service" en boutique.
Ça n'existe pas, le service, en boutique. On ne te fait jamais rien gratuitement. Et si c'est payant, c'est plus du service.
L'autre gros soucis (presque surdéterminant), c'est la question de la disponibilité. La réalité, c'est que 9 fois sur 10, le commerçant de quartier n'a tout simplement PAS la référence qu'on recherche. Alors il peut commander, bien sûr. Mais à quoi ça rime, puisque moi aussi, je peux maintenant commander directement chez le fabricant ?
Si j'ai le moindre soucis avec mon produit, la première année, de toute façon, ce sera retour chez le fabricant (directement, ou par l'intermédiaire du revendeur, ce qui prendra juste plus de temps pour un résultat identique à l'arrivée).
Et ça ne date pas d'hier (et pas seulement pour l'horlogerie).
La première fois que je m'étais fait la réflexion que je commençais à en avoir ras la casquette de ne jamais rien trouver en boutique, c'était un cas presque emblématique.
Pendant presque 40 ans, j'ai habité en banlieue parisienne, à Ville d'Avray. Le nom dira peut-être quelque chose aux littéraires. Outre
un film des années 60 qui rencontra un certain succès, cette ville dortoir connut plusieurs habitants célèbres, dont l’idole de mon adolescence,
Boris Vian
Après l'étude au collège de
l'Écume des jours qui me l'avait fait découvrir, puis la lecture de
l'Herbe Rouge, je m'étais frénétiquement mis en chasse de tout ce que le bonhomme avait pu écrire…
Prioritairement, j'avais éclusé méthodiquement les librairies de la ville (il y en avait encore trois, dans les années 80~90, avant leur disparition totale), et j'avais été effaré de constater que dans la ville même de l'auteur, il était impossible de mettre la main ne serait-ce que sur une sélection a minima des quelques tomes les plus connus du
transcendant satrape
Rien. Que dalle. Mais évidemment "je peux vous les commander, si vous voulez, ils seront là d'ici une quinzaine !" m'avaient proposé les différentes tenancières desdits établissements.
Ben merci, mais non, c'était pas pour offrir, c'était pour consommer tout de suite. C'est que j'avais la dalle, à l'époque.
Du coup, train, direction la Défense (les 4 Temps) ou Paris (le Printemps), achats en 10/18 et en Poche d'une fournée (nouvelles,
l'automne à Pékin, et on tuera tous les affreux, j'irais cracher sur vos tombes…), retour à la maison, et
dévorage compulsif des bouquins, vautré sur le plumard.
Plus tard, quand j'ai eu ma première bagnole, c'était la FNAC Parly ou Vélizy… quelques années plus tard, à la recherche de fournitures de bureau (des cartouches de stylo plume), j'avais réalisé qu'il n'y avait plus aucune librairie dans mon bled… j'y avais sans doute contribué, mais bon
Pour être tout à fait franc, je suis toujours sidéré qu'il y ait encore
autant de commerces de proximité.
Il y a de ça 20 ans (quand la vente via internet s'était développée à une vitesse fulgurante), j'avais prophétisé la disparition quasi intégrale du commerçant de quartier. Y compris pour l'alimentation et l'habillement.
Et pourtant non, ça résiste encore.
Moi-même, pour l'habillement, je vais y revenir, après une période d'essais en ligne. Surtout pour les futals.
Enfin ouais, c'est pas simple
