Je m'attaque à un nouveau sujet : l'étrange ressemblance entre les calibres Patek Phillippe 240 et l'Universal Genève 66.
Il s'agit de 2 calibres automatiques à microrotor en voici les caractéristiques :
Le Patek Philippe 240 :

C'est un calibre classé dans le format extra-plat son diamètre est de 27,5 mm pour une hauteur de 2,53 mm.
Il comprend 161 pièces dont 27 rubis et 6 ponts.
Le balancier et du type Gyromax (avec micro masselottes) la fréquence est de 21 600 battements/heure.
La réserve de marche est de 48 heures.
Le rotor est en or 24 carat, il est monté sur un roulement à billes, le remontage est unidirectionnel.
Il a été mis en service en 1977.
L’Universal Genève 66 :

Il s'agit là aussi d'un mouvement extra-plat de 28 mm de diamètre pour une hauteur de 2,5 mm.
Il comprend 25 rubis et 6 ponts.
Le balancier est en Glucydur à 3 branches avec une fréquence de 19800 battements/heure.
La réserve de marche est de 46 heures.
Le rotor est en métal lourd doré, il est monté sur roulement à billes, le remontage est bidirectionnel.
Il a été mis en service en 1965.
Maintenant venons-en au vif du sujet.
Lorsque l'on regarde attentivement ces deux mouvements on constate que même si la découpe des ponts est différente entre les deux calibres, il y a globalement une ressemblance ne serait-ce qu'au niveau de la disposition des ponts, du rotor et du système de remontage automatique.
Cette impression de ressemblance s'amplifie lorsque l'on se penche sur la disposition des rubis sur la platine.


Oops !!! Ne tournons pas autour du pot il y a clairement une similitude sur l'alignement des trains de rouage avec une légère divergence.
Je ne permettrais pas de dire que le PP 240 est une copie de l'UG 66 mais ce qui est quasi certain c'est que la conception est la même d'autant que l'UG 66 est sortie 9 ans plus tôt.
Hypothèse :
Au début des années 70, Universal Genève a fait faillite et a été racheté par des groupes horlogers qui ont stoppé la production de mouvement.
A la même époque, Patek Phillipe cherchait à développer un calibre automatique extra-plat pouvant être intégré dans des montres de soirée.
Il y a 2 possibilités qui s'offrent à nous :
1) PP a racheté discrètement les plans du 66 à l'époque où UG était en train de couler,
2) l'équipe d’ingénieurs qui a conçu le calibre 66 est été recrutée par Patek Philippe pour développer le 240.
Ces hypothèses ont pendant longtemps hanté les amateurs, le voile a enfin été levé dans le Magazine Patek Volume IV Numéro 3 et The Authorized Biography (Auteur : Nicholas Foulkes), je remercie Blastula de FAM pour le tuyau.
Max Studer, le "top régleur" de chez Patek puis patron de la R&D, se souvient que lui et Gérard Berret (directeur technique / production) abordent la question du mouvement à quartz avec les Stern et proposent de faire un mouvement de cette nature. Studer se sent capable de gérer cette technique.
Mais, alors même que le quartz semble absolument triomphant et écrase toute une industrie sur son passage, les Stern les renvoient sur la piste d'un mouvement mécanique automatique et mince.
A l'époque, Patek ne dispose pas d'un tel mouvement, le 350 à masse périphérique est un échec, et le 27-460 évolution du 12-600, est trop épais pour construire des montres plates.
Quand au 28-255, ce n'est pas un mouvement maison et Patek est en pleine affirmation de son indépendance.
Ce double critère de la minceur et de l'automatisme est la condition pour pouvoir se battre face au quartz, la précision du quartz est reconnue comme supérieure mais l'élégance d'un mouvement mécanique est un argument différent.
Quoi qu'il en soit, Patek veut maintenir une production mécanique traditionnelle.
C'est alors que sort la proposition d'un micro-rotor qui permet un gain d'épaisseur très important.
Durant son travail chez Universal Genève, avant de rejoindre l'équipe Patek en 1968, M. Berret a acquis une expérience sur ce type de mouvement et, en conséquence, a pu développer ce nouveau mouvement rapidement. Dans les six mois, un proto était en test.
6 mois pour développer un microrotor notamment le 240 qui est assez complexe et comme l'UG 66 représentent les versions les plus évoluées en terme de finesse,fiabilité...et qui pour UG était sa version la plus aboutie du microrotor après 10 ans d'expérience (premier microtor UG 215 en 1955).
Même si c'est Patek sortir un microrotor en 6 mois sans expérience au préalable on peut penser qu'il y a eu clairement une très très forte inspiration sur l'UG66...
Merci d'enrichir cette mini-revue si vous avez des informations complémentaires.
JMR
