[Mode disclaimer = on]
Je vous préviens, vous allez êtres déçus car je n'avais pas trop prévu ça...
[Mode disclaimer = off]
Le
Baron et moi, on est un peu comme ces gens de la marine,
on aime faire des phrases. Alors qu'on papotait de l'intérêt de toutes ces choses futiles qui nous prennent tant de temps, on est arrivé au sujet au combien délicat du
perron. Sans trahir une confidence, je pense que tout le monde sait combien le
Baron goûte peu de ce met
un peu special.
La première chose à laquelle pense un lecteur lambda quand il est confronté au perron c'est
franchement, les mecs, des merdes pareils, comment vous pouvez ?
Ça, on le voit tout le temps ici et c'est aussi ce qui fait la différence entre ici et ailleurs : ici, on considère une montre à moins de 10 euros comme étant tout aussi légitime qu'un modèle bien plus coûteux. C'est la position que l'on pourrait qualifier de spinoziste qui exprime que
Entre la JLC et le perron, il n'existe pas de différence de nature mais de degré.
Soit. Mais tout cela ne nous dit rien du perrron. En sommes,
de quoi le perron est-il le nom
Je crois qu'on a au moins deux façons de voir le perron : l'angle
économique et l'angle
technologique. Le troisième angle,
esthétique est peut-être le principal - du point de vue de ceux qui le défendent - mais je crois qu'il est inclus dans les deux précédents, en tout cas largement second. L'angle économique est la conséquence directe de l’évolution des politiques économiques depuis les années 80 et - sans entrer dans le détail - la paupérisation des acteurs économiques. Pour faire court,
on a moins de tunes pour les conneries une fois les dépenses contraintes faites. Conséquence de cela, quand on a du gout pour un domaine, que ce soit l'horlogerie ou autre chose, il n'existe qu'une seule possibilité pour accéder aux ressources, c'est de trouver le prix le plus bas pour un objet : c'est l'explosion du
low-cost qui fournit un service
comparable aux enseignes classiques.
Il est évident que si tout le monde avait les ressources d'un roi du pétrole, il se trimbalerait plus souvent au poignet avec de la haute horlogerie (sic) que ce qui ne coûte (au sens économique) même pas le salaire de celui qui l'a produit. Bon, mais ça c'est le coté classique.
Le second est lié au premier et provient de l'idée de
service comparable. Fonctionnellement, un perron et la HH ont le même usage. je voudrais faire un petit détour via une évolution intéressante qui se passe dans le domaine des réseaux informatiques, c'est le passage de la notion de
qualité de service à la notion de
qualité d'expérience : on ne vous assure plus un débit nominal pour une connexion réseau, on vous assure désormais la possibilité de voir vos vidéos sans saccades. C'est un changement majeur car on est passé d'un modèle de fonctionnement qui est fondé sur la
perception et non plus sur des
éléments factuels quantifiables.
Et je crois qu'on trouve là le second point de vue possible sur le perron : il offre une
expérience similaire à des montres qui coutent x fois plus cher. Alors j'entends dire
Ah oui, c'est ça ta théorie, ben dis donc, elle casse pas trois pattes à un mulot
Non, bien sûr, c'est le moins qu'on puisse dire et si j'en parle ici c'est parce que j'ai été outé par le
Baron.
Cependant je trouve intéressant de retrouver - au dela de l'aspect uniquement économique qui est l'argument qu'on entend toujours - des comportements qui sont promus ailleurs. Ainsi, au début des années 2000, J. Rifkin à fait la promotion de ce qu'il a appelé
L'age de l'accès et qui dit en substance qu'il n'est plus important de
posséder les objets, ce qui est fondamental c'est d'en avoir l'
usage : on ne veut pas posséder une voiture, on veut pouvoir se déplacer ; on ne veut pas posséder une télévision, on veut voir des films ; on ne veut pas posséder ses bâtiments, on veut pouvoir abriter les salariés de l'entreprise ; on ne veut pas posséder (sic) une copine, on veut pouvoir avoir des relatios intimes (euh, non, ça c'est moi qui extrapole

) Ce mouvement a donné lieu à la vente du patrimoine des entreprises qui les ont aussitôt loués.
Le perron, c'est dans l'horlogerie la manifestation de cette idée que c'est l'expérience qui prime sur la possession de la chose réelle.
Alors, bien souvent cela se heurte à ceux qui expriment un sens politique
Je n'achète pas du chinois ou du perron car c'est du concentré d'exploitation humaine
un sens esthétique
C'est bien loin de l'original et franchement, faut être aveugle que la qualité n'est pas là
voire même économique/écologique
Ce n'est pas fiable et le dépannage coûtera plus cher que l'objet lui-même
Peut-être, mais là n'est pas la question : l'expérience est bien la même avec un perron type Speed qu'avec la speed. En tout cas, pour celui qui l'a choisit et la porte

«Nous les gueux/ nous les rien/ nous les peu/ nous les chiens/ nous les maigres/ nous les Nègres/ Qu’attendons-nous/ Qu’attendons-nous pour faire les fous/ pisser un coup/ tout à l’envi/ contre la vie/ stupide et bête/ qui nous est faite ? »
(Léon-Gontran Damas - cité par Christiane Taubira)