Bon, eh bien il me semble avoir jeté un pavé dans la marre...et je souhaite intervenir de manière nuancée au sujet des contrefaçons.
Premier point, vite évacué: vendre, acheter, détenir des contrefaçons, c'est interdit. C'est clair, c'est ainsi.
Mais est-ce que c'est "mal"?
Ce qui est interdit n'est pas forcément mal, et vice-versa.
Quid au sujet des contrefaçons? Question de point-de-vue.
Voici le mien.
Tout d'abord, il faut voir si la contrefaçon est vendue de manière transparente ou pas. Il y a une différence énorme entre celui qui vend une fausse Submariner en prétendant que c'est une vraie et celui qui la vend en précisant que c'est une copie réalisée en Chine, équipée d'un mouvement Japonais, sans "bloque-seconde" mais avec couronne qui se visse et d'une résistance testée à 5 atmosphères. Dans le premier cas, c'est de l'arnaque, dans le deuxième cas, non.
Ensuite, il faut prendre en compte l'usage auquel on destine ce "fake". La revendre comme une vraie? Intolérable. Se faire passer pour qui on n'est pas? Minable. Le plaisir de l'objet, de l'interdit... patienter en attendant de pouvoir s'en offrir une vraie? Pourquoi pas!
Certains prétendent que ces contrefaçons sont nuisibles pour la marque. Dans le domaine du luxe, j'en doute. Les montres de luxe les plus contrefaites sont aussi les plus vendues et les plus populaires. Et je rejette avec force l'argument selon lequel les contrefaçons vendues en plus sont autant de vraies montres vendues en moins. "Oh, zut, vous n'avez plus le modèle à 30 euros? Bon, eh bien tant pis, je prendrai celui à 6990". Ça ne tient pas la route.
Au contraire, je pense que parmi ceux qui font l'acquisition d'une contrefaçon, pour peu qu'elle plaise vraiment bien, il y en a certains qui feront l'acquisition d'une vraie plus tard. Bon, je n'irai pas jusqu'à dire que les fakes font de la pub pour les vraies, mais c'est pas loin.
Maintenant, bon, j'admets que si la comtesse de La Tourpenchée voit un clochard sortir sa bouteille de rouge et son salami premier prix d'un sac Louis Vuitton crasseux tout pareil au sien, elle pourrait avoir envie de changer de bagagiste. Quand on va au Maroc, on remarquera que le moindre journalier porte des polos Lacoste, une montre Omega et des lunettes Ray Ban...
Bref, voilà. Les contrefaçons existent, mais les plus nuisibles ne sont pas celles que l'on médiatise le plus. Les faux Mars, les faux Prince au chocolat et surtout les fausses pièces de rechange pour voitures, avions et les faux médicaments, c'est là que se trouve le vrai danger, le vrai scandale.
Mais encore une fois, en matière de montres de luxe, ce que j'attends avant tout, c'est d'avoir un vendeur transparent et un acheteur responsable, c'est-à-dire un vendeur qui annonce les vraies caractéristiques techniques de la contrefaçon (quitte à acheter une Rolex contrefaite, autant que ce soit avec un mouvement ETA, un verre saphir et une lunette céramique) et un acheteur qui ne destine pas son acquisition à une quelconque tromperie. Je sais que certains ne seront pas d'accord avec moi, mais je pense aussi que d'autres partagent mon opinion, et certains d'entre vous possèdent certainement dans leur boîte à montres des fakes merveilleux, ou qui leur ont semblés comme tels jusqu'à ce qu'ils acquièrent l'original. Parce que là-dessus aussi, j'ai une opinion mais qui relève plutôt du préjugé: quand on possède le modèle original, on repère le fake en un clin d'oeil, un peu comme un faux médecin ne trompe pas les vrais médecins... mais ceci dit, quand un amateur averti construit son propre fake avec des pièces de premier choix, il pourrait peut-être tromper les experts. Je suis certains que, parmis les plus doués d'entre vous, il y en a bien 2 ou 3 qui ont eu pour projet de r♪0aliser un faux plus vrai que nature... non?