Nées du désir de défier les lois de la mécanique, en logeant le plus grand nombre de fonctions dans un même boîtier, les montres ultracompliquées représentent le sommet de l'art horloger. Ces garde-temps sont le plus souvent manufacturés en séries très limitées, voire en exemplaire unique, pour le plus grand bonheur des collectionneurs et des passionnés d'exploits.
Les premières montres de poche sont dérivées des horloges mécaniques, qui présentaient souvent une grande palette de fonctions (notamment des indications astronomiques). Il n'est donc pas étonnant qu'au XVIe siècle déjà, on trouve de nombreux exemples de garde-temps «compliqués», voire très compliqués. Depuis lors, les horlogers ont toujours eu à cœur de repousser les limites de leur art - et de faire la preuve de leur habileté personnelle - en réunissant le plus grand nombre possible de fonctions dans le volume restreint d'un boîtier de montre.
L'exemple le plus célèbre est celui de la montre «Marie-Antoinette» de Breguet, commandée pour la reine de France, mais achevée en 1827. Ce garde-temps, qui devait regrouper toutes les complications connues à l'époque, intégrait notamment une répétition minutes, un quantième perpétuel, une équation du temps et un indicateur de réserve de marche. Depuis cette montre de poche mythique, d'autres chefs-d'œuvre ont vu le jour, le plus souvent dans la Vallée de Joux (Jura suisse), l'un des berceaux de l'horlogerie compliquée. Les plus grandes manufactures n'ont cessé de rivaliser pour le titre de «montre la plus compliquée du monde». Parmi ces prouesses historiques, citons la «Leroy 01» (1904) - qui présentait (selon le mode de décompte) entre 20 et 25 complications - ainsi que la «Graves» de Patek Philippe (1933), regroupant 24 complications. Le Calibre 89 Patek Philippe (1989) reste à ce jour la montre de poche la plus compliquée du monde, avec 33 complications dont certaines rarissimes, comme le quantième perpétuel séculaire ou l'affichage de la date de Pâques.
Dans le domaine de la montre-bracelet, Vacheron Constantin a célébré ses 250 ans, en 2005, en présentant le modèle «Tour de l'Ile», la «montre-bracelet de série la plus compliquée du monde»; le mouvement de 834 composants et les deux cadrans réunissent 16 complications, dont une répétition des heures, des quarts et des minutes, un tourbillon, un affichage des phases de lune et de l'âge de la lune, un quantième perpétuel, une équation du temps, une indication des heures de lever et de coucher du soleil ainsi qu'une carte céleste. Au-delà de ces éblouissantes démonstrations de savoir-faire, les horlogers proposent également un vaste choix de montres à «grandes complications» présentant moins de fonctions, mais encore plus attentives à la simplicité d'emploi, à la fonctionnalité et à la lisibilité. La Tour de l'Île a nécessité 10 000 heures de développement Il existe 7 pièces, avec pour chacune un cadran différent, aucune n'est sortie dans une vente depuis son apparition, elles s'échangent entre amateurs fortunés



