Tout d'abord parce qu'à ce moment-là, tout le monde s'attendait à ce que Pentax complète sa gamme en présentant soit un réflex pro de format 24x36, soit un appareil compact hybride de format APS-C, pour concurrencer les Micro 4/3 d'Olympus et de Panasonic d'une part, et les Nex de Sony d'autre part. Mais ce fabricant, qui décidément aime bien surprendre, en avait décidé autrement et le nouveau modèle n'était ni un réflex, ni un hybride APS-C...
En fait, il s'agissait d'un appareil à petit capteur (format 1/2.3", soit 6,17 x 4,55 mm, le genre de capteur que l'on trouve dans les compacts d'entrée de gamme) mais, à la différence des autres compacts, celui-ci avait un objectif interchangeable, comme un réflex. C'était du coup le plus petit appareil hybride au monde offrant la possibilité de changer d'objectif.
Pentax distribuait l'appareil en kit avec un mignon petit objectif à focale fixe de 8,5 mm (équivalent à 47 mm sur un 24 x 36) ne pesant que 36 g. Plusieurs autres optiques étaient proposées en option, dont un zoom avec une plage de focales équivalente à 28 - 83 mm en 24 x 36, ainsi qu'un fish-eye.
L'accueil au niveau de la presse et du public fut plutôt réservé. Les journalistes spécialisés ne comprenaient pas pourquoi Pentax se donnait tant de mal pour produire un appareil de haut niveau (coque en magnésium injecté, fonctions accessibles par boutons et molettes dédiés, très bonne ergonomie pour un si petit boîtier, mode RAW) équipé du même capteur qu'un compact pour photographe du dimanche !
Le public aussi bouda l'appareil. Outre les mauvaises critiques de la part de la presse spécialisée, le tarif exorbitant fixé par Pentax — avec un prix catalogue pour le kit à sa sortie de 900 euros, soit plus cher qu'un réflex ou un hybride d'entrée de gamme — refroidissait les rares photographes intéressés.
Pour essayer de doper les ventes, Pentax commença à baisser le prix de l'appareil, sans grand succès, puis décida de le brader à l'automne 2012. On peut maintenant trouver un Pentax Q dans les 250 euros, soit chez les soldeurs, soit en liquidation chez certains grands distributeurs.
Du coup, l’intérêt pour cet appareil commença à croître, au point qu'il devint même numéro un des ventes d'appareils hybrides au Japon en novembre 2012.
En outre, Pentax a sorti plusieurs mises à jour du micrologiciel de l'appareil qui corrigent quelques défauts et le rendent plus agréable à utiliser (démarrage et autofocus plus rapide, qualité d'image améliorée, "focus peaking" facilitant la mise au point manuelle), ainsi qu'une bague d'adaptation pour utiliser les objectifs de la gamme réflex en monture Pentax K, et un excellent zoom télé, équivalent à un 83 - 248 mm avec une ouverture constante de F/2.8
Comme on trouve aussi sur eBay toutes sortes d'adaptateurs permettant de monter à peu près n'importe quel objectif existant, le Pentax Q est en train de devenir un peu le Graal des bidouilleurs en tous genres. D'autant plus qu'en raison de son petit capteur, tout objectif monté sur l'appareil voit sa focale "multipliée par 5,5" comme par magie. Par exemple, un bête objectif de 50 mm, la focale "normale" en 24 x 36, va se transformer en un téléobjectif de 275 mm. Et un télé de 300 mm va lui devenir un monstre de 1650 mm ! Et comme son tirage est très réduit (9,2 mm, le plus court de tous les appareils photos), on peut donc lui adapter n'importe quelle optique, y compris les objectifs conçus pour les caméras 8 mm ou 16 mm.
Vous comprenez tous qu'il fallait absolument que j'essaie cette petite merveille pour me faire ma propre opinion. Voici donc la bête avec son zoom :
Crédit : Wikipedia
Sur cette photo, on ne se rend pas bien compte de la taille de cet appareil. Voici donc une mise en perspective pour vous permettre de visualiser le minusculisme de l'engin :
Crédit photo : Imaging-resource.com
En fait, Pentax est coutumier des appareils hors normes. Ainsi, en 1978, l'entreprise détenait déjà le titre du plus petit appareil réflex à objectifs interchangeables du monde avec le Pentax Auto 110, qui utilisait les cartouches Kodak au format 110. Et, devinez quoi, ce précurseur partage certaines caractéristiques avec le Pentax Q :
Crédit photo : Wikipedia
En fait, Pentax pensait à un Auto 110 Digital depuis des années et attendait qu'il y ait un capteur d'une qualité suffisante pour pouvoir le réaliser :
Crédit photo : M. Kurosawa sur Flickr
Et la qualité photo ? On n'est certes pas au niveau d'un Nikon D800E, mais les images sont bonnes, et même excellentes si la lumière est suffisante (c'est une photo JPG que j'ai prise avec le zoom de base, absolument non retouchée ; cliquez sur la photo pour la voir en taille réelle) :
Et puis l'adaptation d'objectifs différents permet de faire des trucs intéressants. Tiens, savez-vous ce que c'est que ça :
Crédit photo : ChopperCharles sur PentaxForums.com
Eh bien ce sont les sillons d'un disque vinyle 45 tours en gros plan. On peut aussi se faire la lune en grand :
Crédit photo : djseeram sur PentaxForums.com
Ou bien une araignée :
Crédit photo : Pinholecam sur Pentaxforums.com
Une mouche :
Crédit photo : Pinholecam sur Pentaxforums.com
Ou encore un orang-outan :
Crédit photo : Pinholecam sur Pentaxforums.com
À suivre...
Abbazz
). Un appareil et ses trois objectifs tenant dans la poche, c'était pas banal. Et ça pouvait faire de très bonnes photos malgré les limitations du format 110 (pas tant la taille, mais le fait qu'il n'y avait pas de presse-film possible).
