Test de la GW-B5600 : Bluetooth, un nouveau pas vers l'hybridation de la square...
Salut les GN,
Depuis longtemps amateur de la G-shock carrée, je souhaitais partager avec vous la dernière évolution technologique en date sur cette montre, à savoir la connectivité Bluetooth.
Alors biensûr, aujourd'hui, pas de dissertation sur un joli cadran guilloché, ni sur un beau mouvement méca Côtes de Genève ou encore moins sur un magnifique placage or 80 microns 18k. Cette revue est dédiée à la toolwatch la plus connue, la plus universelle et la plus efficace au monde depuis 1983.
Je ne vous refais pas les bientôt 40 ans d'histoire de ce monument mais souhaitais brièvement revenir sur les évolutions majeures de la G-shock square que furent l'alimentation solaire (G-5600 en 2002), le radiopilotage au Japon (GW-5600J en 2005), le multibandes 5 (GW-M5600 en 2008) puis le multibandes 6 (GW-M5610 en 2012). Avec une présentation en 2018 des premières carrées connectées Bluetooth (GW-B5000 et GW-B5600), Casio mettait fin à une traversée du désert longue de 6 ans durant laquelle rien de nouveau n'était sorti de la matière grise de Yamagata, tout au moins dans la gamme de l'authentique G-shock.
L'arrivée du Bluetooth sur la carrée est un évènement fondamental qui relance cette montre légendaire dans la course à l'hybridation. Il me tardait donc de voir si l'exploitation de cette fonctionnalité allait se résumer à un gadget pour geek ou si, au contraire, elle allait apporter une réelle valeur ajoutée à l'utilisation pour tout un chacun.
Le bracelet.
Avant d'entrer dans la technique, attardons nous quelques minutes sur le bracelet qui est, à lui seul, une motivation d'achat de cette montre ! Attention, il n'est pas monté sur toutes les versions de la GW-B5600.
On retrouve ici un bracelet de type Oyster en résine, très semblable à celui qui fut utilisé jadis sur certaines versions de 5610, à ceci près que la texture façon "carbone" des maillons (un peu Jacky Touch à mon goût) a ici disparu au profit d'un profond noir mat du plus bel effet.
En quoi ce bracelet est-il si intéressant ?
D'abord parce qu'il est ultra léger, ultra solide et d'un confort inouï. Ensuite parce qu'il permet de poser sa G-shock à plat ce qui, comme chacun sait, est juste impossible avec le bracelet en résine standard. Enfin et ça c'est carrément super top maxi cool : la mise à taille se fait en moins de 3 minutes sur un coin de table ! Eh oui, fini les vis qui se débinent, fini les épingles qui sont une plaie à ôter, fini les tôles pliées, ici chaque maillon est tenu à son copain par... une pompe ! On a donc tout loisir de le régler aux petits oignons et sans prise de tête, enlever ou remettre des maillons est un jeu d'enfant.
Pour le reste, on y trouve une déployante classique munie d'un petit tampon en caoutchouc siglé "G-shock" qui permet d'éviter de rayer la boucle sur un bureau. Là aussi, ce n'est pas grand chose mais c'est bien vu.
D'aucuns pourraient reprocher l'absence de rallonge sur la déployante, c'est vrai. Toutefois, je pense que les plongeurs militaires et professionnels qui n'utilisent dans leur grande majorité que des G-shock, préfèrent un bracelet résine, un nato ou un velcro dont la mise à taille sur la combi est sans doute plus rapide et plus sécurisée.
Cadran et protection.
Sincèrement, je n'étais pas fan de ce tour de cadran "jaune pisse" façon miroir. Je ne sais pas, un côté sci-fi mal digéré. Mais bon, c'est affaire de goûts et puis on s'y fait vite finalement.
Plus important pour moi était le choix de cette version à affichage positif pour une raison évidente de lisibilité. Certes les négatifs Casio offrent un superbe look furtif mais, rien à faire, dans bien des circonstances je n'arrive pas à lire l'heure dessus.
Notez au passage que le gabarit est différent des précédentes GW-M5600/5610. Autrement dit, si vous avez des coques de GW-M5600/5610 en stock, elles ne sont pas compatibles avec la GW-B5600 (espacement des boutons différent notamment).
Installation de l'appli G-Shock.
Pour utiliser cette montre à son plein potentiel, il est évidemment nécessaire de télécharger l'appli "G-shock Connected", gratuite et dispo pour iOS et Androïd. Sous Androïd, je précise que l'appli se contente d'une version 6.0 ou supérieure ce qui permet de la faire tourner sans aucun problème ni ralentissement sur les phonosaures tels que mon S5 de 2014 sous Marshmallow (dernière update de 2016...).
Une fois ceci fait, on lance l'appli, on choisit le modèle de la montre dans la liste proposée, on appuie sur un bouton de la montre et voilà tout, 20 secondes plus tard les deux copains sont apairés.
Synchronisation.
Le premier intérêt du Bluetooth est intimement lié à la synchronisation. Comme sa devancière, cette version conserve malgré tout le multibandes afin de pouvoir se synchroniser en l'absence de téléphone. Toutefois, disons-le, la synchro Bluetooth rend caduque le radiopilotage.
En effet, la GW-B5600 se connecte seule au téléphone, à raison de quatre fois par jour (00h30-06h30-12h30 et 18h30). Sur les M5600/5610 qui se connectent à la porteuse 77.5kHz de Mainflingen une seule fois par 24h, on estime la dérive à 500ms/jour. Autant dire qu'avec quatre synchronisations quotidiennes, la B5600 est proche de la dérive zéro. Voilà qui marque l'arrêt de mort de la certification chronomètre sur les montres à quartz ! Les twin quartz ou la thermocompensation sont autant de technologies qui n'appartiennent plus désormais qu'au monde de la collection.
Notons qu'en l'absence de connexion avec le téléphone durant plus de 24h, la montre cherchera la porteuse radio. De même, il est à tout moment possible et en toute simplicité (un seul bouton à actionner), de déclencher manuellement une synchronisation, soit via Bluetooth, soit via radio.
Dernière précision qui a son importance : il n'est pas nécessaire de laisser tourner l'application "G-shock" en tâche de fond sur le téléphone pour que la montre y accède. Même application fermée, la montre se connecte seule, à la condition cela va sans dire que le Bluetooth soit bien activé sur le téléphone.
Test de plantage.
Par curiosité, je voulais savoir comment allait réagir la montre en lui fournissant de mauvaises données (oui c'est vicieux...). Car en effet, sur le principe, la montre et l'application à laquelle elle est liée, utilisent le NTS (Network Time Protocol), lui même fourni par le réseau de téléphonie ou par le wifi. J'ai donc décoché sur le téléphone la fonction "Date et Heure fournies par le réseau", puis ai désactivé wifi et données mobiles. J'ai ensuite saisi manuellement une heure farfelue sur le téléphone en me disant que comme cette montre n'était qu'un bête objet, elle allait se calibrer sur cette heure fausse.
Et là, surprise ! Figurez-vous qu'avec un téléphone déconnecté du réseau et qui affiche une heure fausse, la montre et l'appli refusent de se synchroniser sur cette donnée et conservent l'heure juste telle qu'elles l'avaient préalablement ! Sans doute qu'un algorithme a été prévu afin de détecter la coupure du NTS et, dans ce cas, faire que la montre ne se fie plus qu'à la dernière synchronisation obtenue. Bien joué Casio.
Pilotage de la montre via Bluetooth.
Je ne vais pas revenir sur l'inventaire des fonctions que cette montre reprend intégralement de la M5610. Attardons nous plutôt sur les nouveautés qui sont nombreuses et plutôt bien pensées. Et l'une des avancées qui m'ont beaucoup séduit est la possibilité d'accéder aux fonctions via le téléphone.
En effet, si sur les versions vintage telles que DW-5000 ou 5600, il y avait très peu de fonctions disponibles et la navigation était rapide, ça n'est plus du tout le cas à partir des GW-M5600/5610. Je dirais même que la navigation est devenue tellement pénible que je renonce souvent à m'en servir. D'une part à cause de la foultitude de menus par lesquels il faut passer pour faire le moindre truc et d'autre part à cause des boutons affleurants qui nécessitent des doigts de fée pour être opérés. Fatalement, avec des knackis en guise de doigts, c'est vachement moins simple.
Du coup, sur la B5600, aux oubliettes les satanés boutons ! La quasi totalité des fonctions se pilote désormais depuis le smartphone : alarmes, timer, reminder (on y reviendra), fuseaux horaires (5 présélections possibles parmi un choix de 300 villes !), détection du téléphone (on y reviendra aussi), affichage, éclairage, son, économiseur d'énergie, et j'en oublie sûrement. Du bonheur j'vous dis...
Bien entendu, pour ceux qui aiment se faire mal, il est toujours possible d'utiliser les boutons comme à l'ancienne.
Fonction "Petit Poucet" (Time & Place).
Encore une nouveauté absolument géniale sur la B5600. J'ai baptisé ça la fonction "Petit Poucet" et vous allez comprendre pourquoi.
Imaginez que vous partiez en randonnée dans une immense forêt que vous ne connaissez absolument pas. Portable en poche, montre au poignet, il vous suffit alors de faire régulièrement un appui bref sur le bouton D de la G-shock. À chaque fois que vous ferez ça, non seulement la montre en profitera pour se synchroniser, mais surtout, l'application va enregistrer l'heure de la pression (pas la bière, l'appui bref) ainsi que ses coordonnées de géolocalisation. Encore une fois, il n'est nul besoin que l'application soit en tâche de fond sur le téléphone. Lorsque vous allez rouvrir l'application en revanche, vous obtiendrez tous vos points de passage couchés sur une carte avec, pour chacun, latitude, longitude, heure et date de passage, ainsi que la possibilité de rédiger un commentaire de votre choix afin de vous souvenir de l'endroit :"jolie clairière avec construction mégalithe" ou "ici j'ai embrassé Ginette", et cetera.
J'ai pris l'exemple de la forêt, mais cette fonction sera tout aussi utile pour retrouver sa bagnole garée dans la rue d'une mégalopole, sur le parking d'une zone commerciale, ou que sais-je encore. D'autant plus que s'il s'agit d'une zone urbaine, la carte fournie par l'application mentionne évidemment les noms de rues, de routes, de lieux, au même titre qu'une carte de GPS.
J'ai flouté une partie des coordonnées de géolocalisation ainsi que les noms de rues pour une évidente raison de confidentialité.
Ah si ! Une dernière précision concernant cette fonction, mais vous l'aurez sans doute compris, il faut que l'accès à la position soit activé sur le téléphone. Nous sommes dans un cas où la montre n'a pas de réception GPS propre, elle utilise donc la géolocalisation du téléphone, cqfd.
Affichage date en français.
On a tous nos petites lubies en matière de montres et en ce qui me concerne c'est, entre autres, d'avoir la date en français (6 langues disponibles). Or, la B5600 est la première carrée de l'histoire à enfin proposer ça, ainsi que date et mois également au format français (jj/mm)... eurêka !
Fonction "Nœud à son mouchoir" (Reminder).
Souvenez vous des premières G-shock squares et de leur amusant affichage "REM" baptisé pompeusement à l'époque "Reminder". Alors le principe était simple : vous actionniez un bouton qui affichait "REM" sur le cadran et puis... c'est tout. C'était censé vous rappeler que vous aviez quelque chose d'important à faire, un peu à la manière du nœud dans le mouchoir qu'on faisait à l'ère pré-Kleenex. Super, mais bon, encore fallait-il se souvenir de quoi nous devions nous rappeler... et pour bon nombre d'étourdis c'était loin d'être gagné.
Malicieusement, Casio a fait un clin d'œil à ces anciens modèles en reprenant sur la B5600 cette historique fonction REM. Heureusement, elle est aujourd'hui parfaitement au goût du jour.
Vous disposez donc de cinq alertes paramétrables depuis l'application. Pour chacune d'entre elles, vous pouvez saisir un commentaire de 18 caractères. Ensuite, il vous est possible de choisir l'affichage du rappel : soit un, ou plusieurs jours récurrents chaque semaine, soit une date précise et dans ce cas si elle doit être unique ou répétée chaque mois ou chaque année (pour un anniversaire par exemple), soit une période.
Le jour d'un rappel, la montre vous affichera le fameux "REM" jusqu'à ce que vous actionniez le bouton A qui vous fera alors défiler dans le cadre date le commentaire préalablement saisi sur l'application. De même, à chaque fois que vous utiliserez l'éclairage du cadran (bleu), il flashera plusieurs fois en rouge avant de s'éteindre, vous rappelant, là aussi, que vous avez une tâche à faire en cours. Franchement top.
Fonction GMT (Worldtime), un choix de 300 villes.
La montre ne contient plus que 5 pré-sets de fuseaux horaires. Par contre, une fois de plus via l'application, il est possible de les paramétrer parmi un choix de 300 villes. Le passage d'un fuseau à l'autre à afficher sur la montre s'effectue en un tournemain sur l'appli. Simple et d'une efficacité redoutable. Là encore, nous faire croire qu'il puisse encore exister des pilotes de ligne qui utilisent une Rolex GMT... bon, à part pour le folklore ou pour épater les hôtesses, je ne vois pas.
Le rouge représente tous les territoires qui utilisent le fuseau horaire sélectionné.
Fonction "Cherche mon téléphone" (Finder).
Petite fonction qui, là encore, peut s'avérer extrêmement utile pour les étourdis qui passent leur temps à paumer leur téléphone. Un appui de 5 secondes sur le bouton D de la montre et votre smartphone se met à sonner. Et comme chez Casio on pense à tout, votre téléphone sonnera y compris si vous l'avez perdu en mode silencieux.
Testé et approuvé.
Eclairage du cadran.
Comme tout le reste, l'éclairage est paramétrable depuis l'appli. L'automatisme débrayable qui déclenche l'allumage avec l'inclinaison du poignet est toujours présent. À ceci près qu'ici vous aurez le choix entre deux durées d'éclairage : deux ou quatre secondes. À noter également que contrairement à la M5610, l'éclairage apparaît et disparaît progressivement. Un petit effet de fondu enchaîné qui pourrait paraître anodin mais qui est en réalité très appréciable lorsque vous voulez jeter un œil à l'heure en pleine nuit, à moitié endormi : beaucoup moins violent.
Enfin, comme déjà mentionné supra, lorsque le Reminder est activé sur la journée en cours, l'éclairage flashe rapidement en rouge avant de s'éteindre.
A-t-elle des défauts cette montre ?
Sincèrement, il est très difficile de lui en trouver. Il n'y a guère qu'une seule chose qui m'ait un peu contrarié, c'est la disparition de l'indicateur de charge sur le cadran de la montre. Si les GW-M5600/5610 avaient encore la jauge "H-M-L", succincte mais suffisante pour connaître la réserve de marche, il est désormais nécessaire d'ouvrir l'application pour avoir accès au niveau de charge. Cela dit, en vérité ça n'est pas très gênant car, comme sur ses devancières, la recharge solaire fait des merveilles sur cette B5600. En trois jours de test, j'ai pourtant largement multiplié les connexions Bluetooth et le temps a été extrêmement couvert, mais la charge est restée à un niveau identique.
Verdict ? Gadget ou nouvel étendard ?
À l'issue de ces trois jours en compagnie de la B5600, je me suis simplement posé la question suivante : "Si je la revendais et que, finalement, je ne garde que la précédente M5610 qui devrait me suffire ?". Et bien la réponse est, en ce qui me concerne, sans appel : je conserve sans hésiter la B5600 !
J'irais même sans sourciller à écrire que la GW-M5610 est rendue totalement obsolète par cette nouvelle version de la square.
Comme je l'ai précisé, la 5610 était devenue une usine à gaz avec trop de fonctions et un accès à chacune malaisé par le biais des poussoirs peu accessibles.
Je ne saurais dire si chez Casio on a eu conscience de ça, toujours est-il que le pilotage de la montre via l'application est une délivrance.
Par ailleurs, le lot de nouvelles fonctionnalités intéressantes et utiles qu'ouvre le Bluetooth, rendrait le retour à une G-shock non connectée assez ennuyeux.
Reste la question du prix que chacun tranchera selon ses seuils psychologiques. L'écart actuel entre une GW-M5610 et une GW-B5600 est de l'ordre de 40% et, en traquant les meilleures opportunités, il est aujourd'hui possible de trouver une B5600 pour moins de 140 euros port compris. À mon sens, ce tarif est parfaitement compétitif eu égard aux performances de la montre. Et puis pour ceux qui ne souhaitent pas profiter de la palette de fonctionnalités Bluetooth, je rappelle que la B5600 est totalement autonome et peut être utilisée exactement comme une "vieille" 5610.